Le casque des Peleset, un exemple d'adaptation guerrière

Ce casque à l'aspect singulier est principalement connu par les représentations du temple de Medinet Habou (Égypte). Il est représenté porté dans des scènes de bataille par certaines ethnies des Peuples de la Mer, contre les forces égyptiennes.
Dans ces reliefs de Medinet Habou, il est porté par les guerriers des ethnies Peleset, Denyen et Tjeker/Sikel.
Les Peuples de la Mer étaient une confédération de pillards maritimes et de pirates qui ravagèrent les côtes de la Méditerranée orientale vers 1200 av. J.-C.
Ils sont considérés comme l'une des causes de l'effondrement de plusieurs civilisations, comme la Mycénienne ou l'Hittite, et même de l'Âge du Bronze lui-même.
L'Égypte subit également de durs assauts, mais vers 1175 av. J.-C., la bataille la plus décisive eut lieu dans le delta du Nil, avec une issue favorable pour l'Égypte menée par Ramsès III.
Cette bataille victorieuse égyptienne fut immortalisée par Ramsès III dans le temple de Medinet Habou. (image supérieure)
L'origine de chacune des ethnies composant cette confédération de pillards est inconnue, mais on spécule qu'une partie d'entre elles était d'origine égéenne, par exemple mycénienne.
Cette affirmation serait étayée par des passages de l'Odyssée, où sont narrées les pérégrinations d'Agamemnon pillant des zones voisines de l'Égypte à une époque supposément contemporaine. Bien que cette œuvre raconte une histoire à caractère principalement mythique, elle pourrait contenir des données historiques réelles.
Selon certains historiens, comme A. Salimbeti, l'origine de certaines de ces ethnies mentionnées précédemment pourrait être spécifiquement Mycénienne. Des représentations similaires à ce casque-tiare ont été trouvées en Crète et en Grèce continentale.
Il existe également une représentation claire à Chypre d'un de ces casques lié culturellement aux Achéens/Mycéniens.

Boîte en ivoire, 1250-1050 av. J.-C. (Chypre)
Le casque :
Le casque présente des panaches sur la partie supérieure représentés avec une longueur variable.
La composition de ces panaches est inconnue, en raison du manque de preuves matérielles directes. On spécule qu'il s'agissait de plumes ou de lanières de cuir – peut-être les deux. Ils arboraient probablement des couleurs vives pour mettre en valeur leur porteur ou le rendre plus redoutable.
Entourant tout le périmètre de la tête, nous avons une sorte de couronne/tiare probablement métallique. Cette tiare présente différents motifs décoratifs en relief tels que des cercles et des lignes en zigzag.
La section de cette couronne peut être tronconique ou pratiquement cylindrique, bien que cette dernière soit la moins représentée.
Sous cette couronne suit une prolongation du casque en matériau inconnu, qui permet une meilleure adaptation et protection de la tête et permet de l'attacher sous le menton.
Dans la zone de la nuque, un élément protecteur est clairement représenté sous forme de couvre-nuque avec des lamelles qui se chevaucheraient pour permettre un meilleur ajustement et mobilité.

Images : Reliefs de Medinet Habou
Ces représentations n'indiquent pas les qualités, les matériaux et la construction de ce casque, elles ne concernent que son aspect.
Pour réaliser une reconstruction plausible, nous devons spéculer sur ces aspects.
Premièrement, il faut considérer qu'il s'agit d'un casque utilisé au combat.
Cela nous indique que ce casque devait avoir un avantage protecteur pour le porteur.
Deuxièmement, nous parlons d'une région au climat très chaud, où il n'est pas courant d'utiliser des casques entièrement métalliques pour une question de stress thermique et que celui-ci pourrait avoir certaines caractéristiques d'adaptation aux environnements chauds.
Les Égyptiens, bien que connaissant le bronze et l'utilisant, employaient rarement ce matériau pour fabriquer des armures et encore moins des casques. L'habituel était de ne pas porter d'armure ou d'utiliser un vêtement rembourré de dimensions réduites pour atténuer la chaleur, entre autres motifs.
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Comment je spécule que le casque était construit ?
Principalement en cuir, tanné, pour éviter une détérioration rapide due à la transpiration excessive. Avec une structure interne composée de lanières de cuir entrelacées à l'intérieur pour envelopper la tête et ainsi permettre autant que possible la transpiration.
Il pourrait comporter une petite pièce rembourrée en feutre pour plus de confort et de protection.
La tiare pourrait être composée d'une ou deux plaques de bronze concentriques en bronze repoussé, qui seraient rivetées/cousues à la base en cuir.
Le couvre-nuque serait également en cuir, superposé pour permettre ajustement et mobilité.
Les panaches seraient, dans un contexte guerrier, en cuir, teints de couleurs vives et en plusieurs couches concentriques pour donner plus de corps et garnir la partie supérieure de la tête.
Ce panache de cuir dense, avec du cuir semi-rigide, a la capacité d'absorber des coups verticaux contondants et, plus important encore, d'ombrager la tête de son porteur.
Les panaches, en plus d'ombrager, forment un espace entre le casque et la tête qui réduit la transmission de chaleur.
Ce casque a été testé dans des conditions de 40 degrés centigrades au soleil et le casque évitait la surchauffe à des niveaux dangereux. Évidemment, avec 40 degrés, le casque va donner chaud, mais c'est supportable et il ne chauffe pas à des températures élevées comme le ferait un casque entièrement métallique.
La couronne métallique renforcerait l'ensemble. Elle protégerait le front des coups contondants et des estoquades. Elle aiderait également à maintenir et guider le panache de cuir.
L'ajustement résultant est magnifique, restant bien serré grâce au couvre-nuque et à l'attache sous le menton.
Une autre fonction de ce type de casque serait de rendre son porteur plus grand et donc, aux yeux de ses ennemis, plus grand et intimidant. Cette ressource a été utilisée de manière récurrente tout au long de l'histoire.
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Et pourquoi, s'il y avait des Mycéniens parmi ces peuples de la mer, ne portent-ils pas dans les représentations l'armement caractéristique qui est représenté dans les fresques et qui a été trouvé dans les tombes de Grèce continentale et de Crète ?
Les raisons pourraient être diverses :
1- Les tombes mycéniennes les plus célèbres remontent à plusieurs siècles et l'équipement change avec le temps.
2- Les Mycéniens connaissaient les conditions climatiques de la région, car depuis leur origine jusqu'à leur effondrement, il y avait un commerce continu entre Égyptiens et Mycéniens.
Si le climat est chaud, les protections métalliques, par exemple, ont de nombreux aspects négatifs et la panoplie peut être choisie pour sa performance optimale dans ces conditions environnementales.
3- Pouvoir d'achat et biais. Les tombes mycéniennes les plus luxueuses appartenaient à l'élite guerrière et étaient les plus représentées dans les fresques, cependant à Medinet Habou sont représentés des pillards dans une période de crise.
4- Distance, un problème pour la logistique. Un équipement complexe et lourd nécessitera un entretien et des besoins de transport qui pourraient rendre peu pratique un certain équipement pour des voyages aussi longs.
BIBLIOGRAPHIE
The ‘Feathered Helmets’ of the Sea Peoples: Joining the Iconographic and Archaeological Evidence,2013
Sea Peoples of the Bronze Age Mediterranean c.1400 BC–1000 BC , Osprey Publishing, 2015
Raffaele D’Amato,Andrea Salimbeti,Giuseppe Rava
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