Au cours des siècles qui s'étendent du Moyen Âge à la Renaissance, l'apothicairerie européenne a cessé d'être un espace monastique pour devenir un axe urbain de savoir et de régulation. Cet article retrace le processus de professionnalisation de l'apothicaire en Europe et en Espagne, depuis son apparition aux côtés du médecin comme figure différenciée, jusqu'à sa reconnaissance comme homme de science sous la Monarchie hispanique. À travers les lois, les corporations, les tensions sociales et les progrès techniques, il est révélé comment l'apothicairerie s'est consolidée comme une institution clé dans l'histoire de la médecine et de la culture scientifique occidentale.
CADRE HISTORIQUE
Les premières apothicaireries européennes sont apparues dans des environnements religieux, où elles coexistaient avec des apothicaires laïcs. La figure de l'apothicaire s'est consolidée au XIIIe siècle, en réponse à la nécessité de séparer les fonctions médicales : le physicien (médecin), doté d'une formation académique et savante, se chargeait du diagnostic ; l'apothicaire, formé dans le cadre corporatif, élaborait les médicaments. Cette division fut officialisée dans les Ordonnances Médicinales (1240)[1], promulguées pour le Royaume de Sicile par Frédéric II de Souabe, qui établirent la distinction entre médecins et apothicaires, un modèle qui sera répété dans d'autres villes européennes et dans la Péninsule, au sein de la Couronne d'Aragon.
En Catalogne, comme le signale Fernando Parrilla-Vallejo[2], les épiciers (especieros) qui assumaient des fonctions d'apothicaire entrèrent en conflit avec les droguistes, les ciriers et d'autres professionnels de la santé (barbiers, médecins, vétérinaires [albéitares][3]), en raison du manque de régulation claire. Des tensions apparurent également entre les apothicaires urbains et ceux qui opéraient dans les monastères, les hôpitaux et les léproseries, hors du contrôle corporatif. Au XIVe siècle, nous savons qu'en Catalogne, les apothicaires se regroupaient en corporations avec leur propre système d'ordonnances et d'apprentis[4] et étaient soutenus par les ordonnances municipales et royales.
De son côté, à la fin du XIIIe siècle, en Castille, nous avons également l'existence d'apothicaires. Les Partidas d'Alphonse X le Sage les mentionnent au moment de punir leurs éventuelles négligences pharmaceutiques[5].
Ce fut à partir du règne des Rois Catholiques que commença à être régulé officiellement l'exercice du métier d'apothicaire en Espagne, par la promulgation des premières lois du Protomedicato (Collège Royal des Médecins) en 1477, suivies par les dispositions complémentaires des années 1491 et 1498. Ces normatives posèrent les bases du contrôle institutionnel de la pratique pharmaceutique.
Les premiers apothicaires dotés d'une licence formelle apparurent au début du XVIe siècle, dans le cadre d'un processus de professionnalisation impulsé par les Cédules Royales (Reales Cédulas) de 1523 et 1533, édictées par Charles Quint. Tant le Protomedicato que les conseils municipaux (cabildos) jouèrent un rôle clé dans la mise en œuvre de systèmes d'autorisation et de supervision, visant à garantir une formation adéquate, promouvoir une pratique éthique, détecter et sanctionner les faux apothicaires, et établir l'interdiction de prescrire des médicaments sans la présence d'un médecin. C'est également à cette époque que furent établis les premiers collèges d'apothicaires dans différentes localités espagnoles comme Barcelone, Valence ou Barcelone[6].

Contrat d'apprentissage d'apothicaire de Miguel de Ruidiez, de juin 1623, entre le père de l'apprenti et le maître apothicaire Juan de Urquizu, où ce dernier s'engage à enseigner le métier, nourrir, vêtir et chausser l'apprenti, et l'apprenti à servir dans l'apothicairerie pour un temps stipulé. Source : AHPM. T : 4915, fols. 513r-514v. Crédits photo : BASANTE – LOZANO, lien[7]
Au milieu du XVIe siècle, l'apothicaire était déjà considéré comme un homme de science, dont l'exercice exigeait une formation rigoureuse basée sur des années d'étude et de pratique. En 1565, une ordonnance promulguée par Philippe II[8], qui continuait celles de Charles Quint, établit également des exigences strictes pour exercer la profession : il était exigé d'avoir un certificat de pureté de sang (limpieza de sangre)[9], d'être âgé de plus de 25 ans, de bien maîtriser le latin et d'avoir au moins quatre ans d'expérience préalable dans une apothicairerie autorisée[10], en plus de réussir un examen devant les maîtres qui les formaient, puis celui du Protomedicato.
De plus, l'accès à l'examen d'apothicaire fut interdit aux droguistes, épiciers et accoucheurs, afin de garantir que seuls les professionnels dûment formés puissent exercer avec responsabilité et compétence. Ces examens furent compilés ultérieurement sous forme de livrets de questions et réponses, comme l'Examen de Boticarios (1643) de Fray Estaban de Villa[11].
Dans divers pays européens, des mesures similaires à celles de l'Espagne furent également mises en œuvre, visant à renforcer la formation et la pratique éthique des apothicaires. En Suisse et en France, par exemple, il leur était exigé d'accompagner les médecins lors de leurs visites cliniques, ce qui leur donnait l'opportunité d'acquérir des connaissances pratiques et d'affiner leur jugement thérapeutique.
L'exercice de l'apothicairerie impliquait une grande responsabilité éthique. Les apothicaires étaient soumis au contrôle des autorités locales, qui réalisaient des inspections au moins deux fois par an pour vérifier la qualité des produits et la précision des poids utilisés sur les balances. De même, ils devaient tenir un registre détaillé des formules magistrales employées dans leurs préparations et maintenir des prix raisonnables, bien qu'à l'occasion, ceux-ci fussent perçus comme excessifs par la clientèle.
Il n'était pas rare que certains apothicaires atteignent la notoriété grâce à l'efficacité de leurs produits, parvenant même à transcender les frontières. Des exemples emblématiques sont le laudanum de Paracelse ou le baume de Fioravanti[12]. En Espagne, au cours du XVIe siècle, se distingua l'électuaire du prêtre Francisco Delgado, et déjà au XVIIe siècle, l'apothicaire italien Alessandro Quintilio[13] —établi à Madrid— développa des poudres blanches solutives élaborées par un procédé alchimique qui extrayait la quintessence de l'or, cherchant à prolonger la vie du patient. Leur distribution fut autorisée par le roi Philippe III lui-même, et elles jouirent d'une grande popularité dans la capitale.
À côté des compositions pharmacologiques traditionnelles, apparurent d'autres préparations comme des baumes, des eaux et des huiles dans l'environnement des hôpitaux, des monastères et des sanctuaires de pèlerinage comme ceux du Chemin de Saint-Jacques, élaborées par des apothicaires religieux. Ces produits, en plus de leurs propriétés thérapeutiques, acquéraient de supposées vertus miraculeuses en étant liés à l'invocation d'un saint, de Jésus-Christ ou de la Vierge, ce qui leur conférait une valeur spirituelle ajoutée et les rendait particulièrement populaires parmi les dévots[14].

Les saints médecins Saint Côme (ici présenté comme apothicaire) et Saint Damien devant la Vierge des Remèdes (Virgen de los Remedios). Panneau de la Renaissance. Musée de la Pharmacie Hispanique. Faculté de Pharmacie de l'Université Complutense de Madrid. Photo : Pinterest
Néanmoins, la figure de l'apothicaire ne fut pas exempte de pratiques frauduleuses. Dans divers territoires de la Monarchie hispanique proliférèrent des individus qui, se faisant passer pour des apothicaires itinérants, offraient sans autorisation une large variété de produits —onguents, pilules et préparations diverses— sous des dénominations trompeuses, profitant de la crédulité populaire et de la régulation limitée en vigueur dans les premiers siècles. Parallèlement, se développa un marché clandestin d'achat et de vente de titres de médecin et d'apothicaire, dont l'ampleur motiva l'intervention des autorités. Comme le signale Almudena Serrano, directrice des Archives Historiques de Cuenca, cette situation fut dénoncée dans le Mémorial que le Comte de Buendía adressa à Philippe II en 1584, alertant sur l'essor de ces pratiques et la nécessité urgente de leur contrôle institutionnel[15].
Avec le temps, la profession commença à se consolider et à recevoir une reconnaissance croissante, tant dans le domaine social que légal. Ce processus atteignit une étape significative vers 1650, lorsque le roi Philippe IV octroya un privilège de noblesse qui élevait le métier d'apothicaire au rang d'« art scientifique », l'assimilant en importance et en dignité à la Médecine dans tous les royaumes de la Monarchie hispanique.

L'Apothicaire de Paolo Antonio Barbieri (1603-1649) est un exemple des méthodes de travail et des produits auxquels il pouvait avoir accès. L'apothicaire dispose sur sa table de travail de tout le nécessaire pour son exercice : mortier (almirez), balance romaine (romana) pour le poids des produits, un albarello ou pot en céramique.
L'APOTHICAIRERIE : ÉLABORATION DES ‘MEDEÇINAS’ AU SIÈCLE D'OR
Durant le Siècle d'Or, l'apothicairerie —établissement tenu par l'apothicaire— ne connut guère de transformations significatives par rapport à sa configuration médiévale. Même le terme “botica” (apothicairerie) trouve ses racines au Moyen Âge, dérivant du grec ἀποθήκη (apothḗke), qui signifie “entrepôt” ou “boutique”, et qui fut adopté ultérieurement par le latin tardif comme apothēca. Dans le contexte hispanique, la première apparition documentée du mot “botica” avec le sens d'atelier pour l'élaboration de “medeçinas” (médicaments) se trouve en 1386, dans le Libro de la caça de las aves de Pero López de Ayala.
Les apothicaireries de cette époque, tout comme leurs prédécesseures médiévales, pouvaient avoir une nature religieuse ou laïque. Les premières se situaient dans des couvents, des hôpitaux et des infirmeries, servant les pèlerins, les malades[16] et les personnes défavorisées. Les secondes se trouvaient dans les noyaux urbains et les résidences privées, spécialement dans les demeures appartenant à l'aristocratie ou à la royauté.
L'organisation interne de ces établissements fit l'objet de l'attention d'auteurs comme Alfonso Rodríguez de Tudela, qui dans son Compendio de Boticarios (1515) décrit en détail la disposition spatiale et la classification des produits utilisés dans la pratique pharmaceutique.
Une apothicairerie classique se structurait en trois zones fondamentales :
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Salle d'accueil du public : espace destiné à la réception des clients et à la dispensation des remèdes.
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Arrière-boutique (Rebotica) : zone réservée au stockage des ingrédients et ustensiles, ainsi qu'à la consultation privée de l'apothicaire.
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Laboratoire (Obrador) : zone dédiée à la préparation des médicaments, où s'appliquaient les connaissances techniques et s'élaboraient les formules magistrales.
Chacune de ces zones remplissait des fonctions spécifiques qui permettaient à l'apothicaire d'exercer son métier avec efficacité, rigueur et conformément aux standards de l'époque.
L'APOTHICAIRERIE (LA BOUTIQUE)
La première pièce était l'apothicairerie proprement dite (la boutique), où l'on recevait les clients et où étaient exposés les produits médicinaux. Sur ses étagères s'alignaient des albarelli, des tibores (grandes jarres) et des pots en céramique décorée, étiquetés avec des noms latins ou vernaculaires qui indiquaient leur contenu : pilules, herbes, onguents, sirops, poudres et autres préparations. Cet espace ne servait pas seulement à la vente, mais aussi de lieu de consultation informelle, où les voisins venaient avec des ordonnances médicales ou à la recherche de remèdes populaires. L'apothicaire devait connaître les propriétés de chaque substance, calculer les doses et préparer les formules avec précision. Il pouvait être assisté d'un aide ou d'un officier d'apothicaire.
L'ARRIÈRE-BOUTIQUE (LA REBOTICA)
Derrière cette salle se trouvait l'arrière-boutique (rebotica), un espace plus réservé où étaient stockées les matières premières. Ici se conservaient racines, feuilles, résines, minéraux et produits animaux, beaucoup d'entre eux provenant d'outre-mer, ce qui transformait la rebotica en un petit entrepôt de produits exotiques. Les substances étaient gardées dans des conditions spécifiques pour éviter leur détérioration, et l'apothicaire les classait selon des critères empiriques et traditionnels.
Alfonso Rodríguez de Tudela nous dit à propos de cette salle : “tout apothicaire est obligé de choisir un lieu convenable pour son apothicairerie, et approprié pour conserver les choses médicinales, de telle sorte qu'il soit protégé des vents et du soleil et qu'il ne soit ni humide, ni fumeux ou poussiéreux, car toutes ces choses ont l'habitude de corrompre et d'altérer les médicaments, aussi bien simples que composés.”[17]
Dans cet environnement plus intime, le professionnel étudiait les formulaires, les manuels pharmaceutiques et les traités médicaux, beaucoup d'entre eux d'origine arabe ou classique, qui lui permettaient d'élargir ses connaissances et de perfectionner ses techniques.
La rebotica était aussi un lieu de formation, où les apprentis s'initiaient à l'art pharmaceutique sous la tutelle du maître apothicaire, suivant un système corporatif qui exigeait des années de pratique avant de pouvoir ouvrir leur propre établissement.
LE LABORATOIRE (L'OBRADOR)
Finalement, le laboratoire (obrador) était le cœur technique de l'apothicairerie, où s'élaboraient les médicaments. Cet atelier était équipé d'alambics, de cornues, de matras, de mortiers, de balances, de poids et de chaudrons, instruments nécessaires pour réaliser des processus tels que la distillation, la sublimation, la décoction et la cristallisation, sur lesquels nous reviendrons plus tard.
L'apothicaire devait maîtriser ces techniques et lesdites formules magistrales pour extraire les “vertus intimes” des ingrédients et les transformer en remèdes efficaces. L'élaboration exigeait précision, propreté et une connaissance profonde des interactions entre substances. Dans de nombreux cas, l'obrador était aussi un espace de collaboration familiale, où l'épouse de l'apothicaire participait aux tâches et, en cas de veuvage, pouvait continuer la gestion de l'affaire.
STOCKAGE ET PRÉPARATION DES MÉDICAMENTS
L'élaboration de médicaments nécessitait une variété de récipients et d'outils spécialisés, qui permettaient la correcte conservation et administration des remèdes.
Parmi les plus utilisés en Espagne durant les XVIe et XVIIe siècles, on trouve :
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LES ALAMBICS Le mot "alambic" provient de l'arabe al-inbīq qui lui-même dérive du grec ambix (ἄμβιξ), signifiant "coupe". Ce dispositif fut perfectionné par des savants arabes comme Avicenne ou Al-Rāzī et transmis à l'Europe, où il devint un outil essentiel pour la distillation de liquides. Sa conception de base consiste en une chaudière où l'on chauffe la substance, un conduit pour l'évaporation et un serpentin de refroidissement qui permet la condensation du liquide distillé.
Dans la pharmacopée médiévale et renaissante, les apothicaires et médecins distillaient plantes et minéraux pour obtenir des essences et des extraits aux propriétés curatives. Par exemple, l'eau distillée de roses et d'autres herbes était employée dans des traitements pour diverses affections.
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COUPES ET VASES EN CÉRAMIQUE Durant les XVIe et XVIIe siècles, les vases en céramique et les coupes jouèrent un rôle essentiel dans la pharmacopée, car ils étaient utilisés pour stocker et administrer médicaments et préparations officinales. Ces récipients étaient communément élaborés en céramique vernissée, ce qui permettait de conserver les liquides sans fuites. On employait aussi de la faïence fine et du grès, des matériaux qui offraient une plus grande résistance et protection contre la contamination. Dans certains cas, on utilisait des récipients en porcelaine, spécialement dans les environnements aristocratiques et les apothicaireries de haut prestige.
La décoration de ces vases reflétait l'importance de leur contenu. De nombreuses pièces étaient ornées de motifs floraux, d'emblèmes alchimiques ou d'inscriptions qui indiquaient le type de remède qu'elles contenaient. Certains présentaient des écus héraldiques ou des symboles religieux, témoignant du lien entre la médecine et la spiritualité de l'époque. Leur usage était étroitement lié à la pratique de l'apothicairerie et de l'alchimie : ils servaient à contenir des onguents, des distillations et des sirops, lesquels étaient administrés au moyen de coupes doseuses. Leur conception et leur fabrication ne répondaient pas seulement à un besoin fonctionnel, mais reflétaient aussi la connaissance médicale et philosophique de l'époque.


Différents types d'alambics et de récipients d'apothicaire, du XVIIe siècle, sur deux planches du livre Palestra pharmaceutica, chymico-galenica de Félix Palacios. Source Photos : Lien[18]
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MORTIERS ET PILONS Mortiers et pilons (almireces, mortiers en métal) furent à cette époque des outils clés dans l'apothicairerie et l'alchimie. Ils étaient utilisés pour broyer et mélanger des ingrédients naturels dans l'élaboration de préparations telles que médicaments, poudres, potions ou onguents.
Fabriqués en bronze, marbre, pierre ou céramique, leur matériau variait selon la dureté des composants à traiter. Les apothicaires les employaient pour moudre herbes, minéraux et sels, assurant la correcte texture et composition des remèdes.
Outre leur usage médical, ces récipients participaient aussi à la gastronomie et à la parfumerie, affinant épices et essences aromatiques.
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BALANCES ET POIDS Les balances étaient indispensables pour mesurer avec précision les ingrédients des médicaments. On employait des modèles à plateaux et des balances de précision pour garantir le correct dosage des composés et formules (à cette époque, on utilisait celle de Mésué).
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RÉCIPIENTS FERMÉS EN VERRE ET PORCELAINE Pour la conservation des huiles, onguents et extraits, on utilisait des flacons de verre et de porcelaine. Ces matériaux étaient idéaux pour éviter la contamination croisée des médicaments et assurer leur stabilité chimique.
Voici les principaux types de récipients :
| Récipient | Matériau principal | Motifs décoratifs | Produits contenus | Le pourquoi de ce matériau |
| Albarello | Céramique, faïence, porcelaine | Floraux, héraldiques, inscriptions | Poudres, onguents, électuaires | La porcelaine ou la céramique évitait les réactions chimiques et conservait mieux le produit. |
| Redoma (Fiole) | Verre ou céramique | Généralement lisses ou avec étiquettes | Liquides, essences, teintures | Le verre permet de voir le contenu et est inerte. |
| Ampoule | Verre | Sans décoration, forme sphérique | Préparations liquides de petites doses | Précision dans le dosage et stérilité. |
| Tarro (Pot) | Céramique, faïence, porcelaine | Inscriptions, écus corporatifs | Substances solides ou semi-solides | La porcelaine est imperméable et facile à nettoyer. |
| Matras (Ballon) | Verre | Sans décoration, forme de poire | Mélanges chimiques, distillations | Résiste à la chaleur et permet d'observer les réactions. |
De tous, le plus populaire et diffusé fut l'albarello, une pièce d'origine perse arrivée avec les Arabes à Al-Andalus, qui sont les flacons de céramique que nous voyons dans de nombreuses représentations d'apothicaireries anciennes et dans celles historiques qui sont encore conservées en Espagne.

Albarello du XVe siècle, possiblement de Manises (Valence). Style mudéjar. Source photo : Pinterest
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RÉCIPIENTS SPÉCIAUX POUR SUBSTANCES PRÉCIEUSES Certaines substances, comme la thériaque, devaient être stockées dans des récipients en or, zinc ou plomb pour préserver leurs propriétés. Les espèces aromatiques se gardaient dans des boîtes en or ou platine, tandis que les onguents et huiles ophtalmiques se conservaient dans des flacons de porcelaine ou de cristal.
Tableau 'L'Apothicaire', de Gabriel Metsu. École hollandaise. XVIIe siècle. Source photo : Lien[19]
CONCLUSIONS
L'évolution du métier d'apothicaire en Espagne reflète un processus complexe de professionnalisation, de régulation et de reconnaissance sociale qui s'est développé au long de plusieurs siècles. Depuis les premières tentatives législatives impulsées par les Rois Catholiques et le Protomedicato, jusqu'au privilège de noblesse octroyé par Philippe IV au XVIIe siècle, la figure de l'apothicaire passa d'être un artisan de la santé à devenir un agent scientifique clé au sein de l'échiquier médical de l'époque.
Malgré les défis —comme l'intrusion de charlatans et le manque initial de contrôles rigoureux—, les apothicaires parvinrent à consolider une pratique éthique, technique et culturelle qui laissa son empreinte dans l'histoire de la médecine. Leur labeur ne consistait pas seulement à préparer des remèdes, mais aussi à préserver le savoir pharmaceutique, à collaborer avec les médecins et à gagner la confiance de la communauté.
Aujourd'hui, en regardant en arrière, nous pouvons reconnaître dans ces apothicaires les fondements de la pharmacie moderne, et valoriser leur contribution comme partie essentielle de l'héritage scientifique et humaniste de notre histoire.
NOTES
[1] BASANTE POL, Rosa et LOZANO ESTEVAN, M.ª Jesús. « Las escrituras de aprendiz de boticario en Madrid durante los siglos XVI-XVII » dans Anales de la Real Academia Nacional de Farmacia, Vol. 82, Nº. 3, 2016, p. 324.
[2] PARRILLA-VALERO, Fernando (2018). « Los boticarios de Cataluña entre los siglos XIII-XVIII. Una visión socioeconómica y de salud pública » dans Ars Pharm vol.59 no.4 Granada oct./déc. 2018. Lien disponible sur :
[3] Une sorte de vétérinaires.
[4] PARRILLA-VALERO, Fernando (2018). « Los boticarios de Cataluña entre los siglos XIII-XVIII. Una visión socioeconómica y de salud pública », art. cit.
[5] ROJO GONZÁLEZ, Bernardino (1951). « Los farmacéuticos en el reinado de los Reyes Católicos ».
[6] En Castille, cependant, ces collèges n'apparaîtront pas avant le XVIIIe siècle. Néanmoins, les apothicaires se réunirent par exemple à Madrid en deux confréries religieuses. BASANTE POL, Rosa et LOZANO ESTEVAN, M.ª Jesús. « Las escrituras de aprendiz de boticario en Madrid durante los siglos XVI-XVII » dans Anales de la Real Academia Nacional de Farmacia, Vol. 82, Nº. 3, 2016, pp.324-325.
[7] BASANTE POL, Rosa et LOZANO ESTEVAN, M.ª Jesús. « Las escrituras de aprendiz de boticario en Madrid durante los siglos XVI-XVII » dans Anales de la Real Academia Nacional de Farmacia, Vol. 82, Nº. 3, 2016, pp.324-325.
[8] ROJO GONZALEZ, Bernardino (1951). « Los farmacéuticos en el reinado de los Reyes Católicos ». Lien disponible sur
[9] Ne pas être descendant de Maure ou de Juif, même s'ils étaient convertis depuis des générations.
[10] On entrait comme apprenti ou ‘mançebo’ à l'âge de 10 ou 12 ans avec un contrat d'apprenti que signait le père de l'étudiant et le maître apothicaire. Au fur et à mesure qu'il acquérait de l'expérience, le jeune apprenti devenait ‘officier d'apothicaire’ ou aide, ce qui pouvait lui prendre de 6 à 8 ans de pratique et de formation. Passée cette période d'apprentissage, il pouvait passer un autre temps comme officier d'apothicaire ou aide de l'apothicaire, après quoi le maître considérait qu'il était prêt à se présenter à l'examen du Real Tribunal del Protomedicato. Voir BASANTE POL, Rosa et LOZANO ESTEVAN, M.ª Jesús (2016). « Las escrituras de aprendiz de boticario en Madrid durante los siglos XVI-XVII » dans Anales de la Real Academia Nacional de Farmacia, Vol. 82, N.º. 3, 2016, 324-337.
[11] PERALTA-REGLADO, JM. (2004). Las obras para la instrucción de los boticarios en la España del siglo XVIII: análisis y aportaciones (Thèse de doctorat). Alcalá de Henares : Universidad de Alcalá.
[12] N'oublions pas de mentionner ici le fameux Baume de Fierabrás. Un célèbre onguent magique mentionné dans l'Histoire Chevaleresque de Charlemagne, propriété d'un chevalier sarrasin et provenant du royaume de Jérusalem. Dans Don Quichotte, Alonso Quijano le prépare avec des ingrédients courants : huile, vin, sel et romarin, suivant une recette qui mélange des éléments de l'apothicairerie de la Renaissance avec des rituels religieux (comme réciter 80 Pater Noster, Ave Maria, Salve et Credo). Cet onguent finira par être une sorte de panacée à tous les maux.
[13] REY BUENO, Mar (2013). « Prolongatio vitae: prácticas alquímicas, remedios secretos y promesas de salud en la España Moderna » dans Azogue, 7, 2010-2013. Lien web disponible sur :
[14] L'Huile de San Benito, les Eaux de la Vierge de Guadalupe (produites dans ce monastère d'Estrémadure), l'Agua Fita Santa Fe ou le Sirop de la Vierge de los Remedios étaient populaires et pouvaient être utilisés pour guérir des maladies ou contre les fléaux. Voir : FRANCÉS CAUSAPÉ, Mª del Carmen (2009). « Consideraciones sobre creencias, farmacia y terapéutica ». Discours prononcé devant la Real Academia de Farmacia, pp. 45-47. Lien Disponible sur :
[15] « Porque ninguno de veynte años a esta parte ha querido dar seis escudos que no aya alcanzado carta de cirujano y licencia para sangrar y purgar sin tener letras, ni aun sabe leer. Y que también lo que passa de médicos es lastimosa cosa. E es perdición ver que no ay rapaz ni aprendiz que, como lleve 3 ducados, no le den carta de examen y luego ponga botica, de manera que son más de quarenta y cinco las que oy se hallen en la Corte, no habiendo en otro tiempo más de dos, con la de Su Majestad. » Cité dans SER HISTORIA. Disponible sur le lien :
[16] Par exemple, les malades de la lèpre qui étaient soignés dans les léproseries.
[17] RODRIGUEZ DE TUDELA, Alfonso (1515 ; éd. 1990). Traducción del Compendio de boticarios. Thomas M. Capuano, Hispanic Seminary of Medieval Studies (Madison).
[18] Palacios, Felix. Palestra pharmaceutica, chymico-galenica, en la qual… -
[19]
BIBLIOGRAPHIE
BASANTE POL, Rosa y LOZANO ESTEVAN, M.ª Jesús (2016). “Las escrituras de aprendiz de boticario en Madrid durante los siglos XVI-XVII” en Anales de la Real Academia Nacional de Farmacia, Vol. 82, Nº. 3, 2016, pp. 324-337
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ROJO GONZÁLEZ, Bernardino (1951). “Los farmacéuticos en el reinado de los Reyes Católicos”.
SER HISTORIA. Disponible en el enlace: Historias de boticarios, médicos, cirujanos y barberos a través de los siglos | Actualidad | Cadena SER [Consultado el 26/09/2025]
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